Généalogie de José CHAPALAIN
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Retour le Bayard, l'Amiral Courbet
"L'Amiral COURBET" de Claude Farrère de l'Académie Française (Edition Française d'Amsterdam) Extraits "Amédée Anatole Prosper Courbet était né à Abbeville, le 26 juin 1827..... Il était le dernier né d'une famille de trois enfants. Sa soeur avait seize ans quand il naquit, son frère douze. Son père était négociant en spiritueux. Les Courbet étaient catholiques et croyants. Il était bien entendu de longue date que le fils aîné entrerait dans les Ordres... En 1836, Alexandre Courbet, le père de famille, tomba sous les roues d'une diligence. Son premier fils achevait alors ses études au séminaire d'Issy. Il avait vingt-et-un ans, et Anatole Courbet neuf ans. Les affaires paternelles, quoique prospères, exigeaient un homme qui remplaçât le défunt. Le séminariste n'hésita pas, sacrifia sa vocation religieuse à la famille dont il de venait le chef..... Anatole Courbet, entré à Polytechnique en 1847 cinquième d'une promotion de cent vingt six élèves, en devait sortir en 1849 cinquante deuxième seulement..... En 1849, Courbet est donc marin, selon son désir tardif, mais formel. Et il embarque en octobre sur son premier vaisseau, un vieux vaisseau de ligne, l'Océan. Il est aspirant de classe.... Son amarinage n'était assurément pas encore commencé quand on le muta à bord de la Capricieuse, corvette à voile de 32 canons. L'équipage était de 105 hommes. La Capricieuse venait d'être armée, non point pour figurer dans l'une des escales de la métropole, mais pour un véritable voyage d'exploration. Elle devait d'abord, elle toute seule, composer notre station navale d'Indo-Chine. Puis refaire l'hydrographie très incertaine de toutes les mers avoisinantes.... A son retour à Toulon, Courbet connaissait la mer et le métier de marin assez à fond. Il avait obtenu des notes flatteuses.... Le 19 avril 1854, l'Empereur nommait Courbet enseigne de vaisseau. Courbet rembarquait sans désemparer, dès le mois de mai 1854, sur un brick de 12 canons, l'Olivier, et appareillait pour le Proche-Orient. La guerre de Crimée commençait. La France, la Turquie et le Piémont s'efforçaient ensemble d'arrêter les empiètements russes tant autour des Lieux Saints qu'en Roumélie, qu'en Bulgarie et qu'en Roumanie.... Il fut lieutenant de vaisseau le 29 novembre 1856.... L'Empereur le décora de la légion d'honneur le 22 octobre 1857... De 1858 à 1862, Courbet, embarqué sur le vaisseau-école des cannoniers, d'abord sur le Suffren, puis sur le Montbello, fit oeuvre de technicien, puis d'inventeur, plus que d'officier de vaisseau, chef et entraîneur d'hommes..... Courbet, sur le vaisseau-école, commanda, et forma, la compagnie des canonniers de la flotte; soit quelques cinq cents matelots d'élite, qui furent parfois sept cents.... L'artillerie de la marine, en effet se transformait. Les canons rayés remplaçaient les canons à âme lisse. Le chargement par la culasse allait remplacer le chargement par la bouche. Les portées de tir augmentaient vertigineusement.... Ce ne fut que à trente-neuf ans, le 14 août 1866 que le lieutenant de vaisseau Courbet fut promu capitaine de frégate. Dans l'intervalle, on l'avait promené de l'Alexandre à la Ville de Paris, et de la Ville de Paris au Solférino.... Le contre-amiral de Dompierre d'Hornoy, commandant de la division cuirassée de la Manche, le demanda pour son chef d'état-major...... In le nomma au commandement d'un aviso à vapeur, le Talisman dans la division des Antilles. Dès juillet 1873, Courbet rentrait en France avec sa Minerve. Et, le 11 août, il était enfin promu capitaine de vaisseau. Il avait déjà quarante-six ans révolus..... Pris pour capitaine de pavillon par l'Amiral de Surville, qui commandait la deuxième division de l'escadre d'évolutions de la Méditerranée..... puis fut chargé d'organiser et de commander la première école de marins torpilleurs... Courbet dirigea l'Ecole des Défenses Sous-Marines jusqu'au premier février 1877.... Le 26 mai 1880 il fut nommé gouverneur de la Nouvelle Calédonie... il comptait déjà cinquante -trois ans.... Courbet se trouvait non seulement gouverneur de la Calédonie, mais commandant en chef de toutes les forces de terre et de mer de l'île et des possessions avoisinantes..... Il fut contre-amiral dès le 18 septembre, mais il n'en fut avisé que le 15 novembre.... Il débarqua en France le 28 novembre 1882. L'amiral Jauréguiberry, alors ministre de la marine, lui promit formellement, pour janvier 1883, le commandement de l'escadre du Levant. Mais les ministres passent. L'amiral Jauréguiberry, bon marin, mauvais politicien, donna brusquement sa démission, sans assurer derrière lui son testament ministériel. Charles Brun devait lui succéder. Mais dans l'intérim, la vacance de l'escadre du Levant avait échu, et le ministre intérimaire y nomma le contre-amiral Conte.... LE TONKIN Courbet, son Bayard, la Surveillante et l'éclaireur Château-Renaud étaient à Quiberon...... quand un télégramme de Charles Brun l'appela à Paris. Il était arrivé ceci : au Tonkin, le capitaine de vaisseau Rivière qui, lancé dans une expédition un peu hasardeuse en Indo-Chine, avait occupé Hanoï et sa citadelle, avait de nouveau voulu l'occuper après que les Annamites l'eussent repris. Au cours de cette opération, il avait été tué dans une embuscade, au lieu connu dit Pont de Papier. L'émotion fut violente en France. Le conseil des ministres décida sur le champ des mesures de représailles.... Les instructions que reçu Courbet, le 1er juin 1883, sont un chef d'oeuvre d'incohérence en même temps qu'un défi au bon sens. Courbet, en effet recevait, en échange de sa division d'essai mort-née, le commandement de la division navale des côtes du Tonkin. Cette division comptait le Bayard, un autre petit cuirassé, l'Atalante, sept avisos ou canonnières, le Château-Renaud, le Kersaint, l'Hamelin, le Parseval, le Drac, le Lynx et la Vipère, et deux très petits torpilleurs (porte-torpilles) qu'il fallait convoyer en Indo-Chine par des transports de troupes. Mais, bien entendu, les troupes de terre, de toute armes, étaient commandées par un chef indépendant, le général Bouët.... Pour chef suprême, le ministre nommait un commissaire général civil.... Le 12 juin, Courbet et son Bayard se présentait à Port-Saïd. Là, il lui fallut modifier l'arrimage : le Bayard calait huit mètres, le canal de Suez, à l'époque, n'avait que sept mètres cinquante de fond. Mais Courbet fit ce qu'il fallait. Et le Bayard fut à Suez le 15 juin. Il avait touché trois fois, éraflé l'une de ses hélices; mais il pouvait continuer. Il continua. Il atteignit Aden..... D'Aden, il gagna Colomba. De Colombo, Saïgon. Et le 20 juillet, il mouillait dans la baie d'Allong ...
Dès le 14 Le Bayard avait pris le commissaire général Harmand à son bord Il quittait immédiatement la biaed'Halong, passait le 16 devant la rivière d'Hué pour en reconnître les défenses et ralliait ensuite à Tourane toutes ses forces utiles : l'Atalante, le Château-Renaud, le Lynx, le Drac et la Vipère. Un transport, l'Annamite, lui amenait 600 hommes d'infanterie de marine, une batterie d'artillerie, 100 tirailleurs annamites et 10 coolies chinois utiles pour les terrassements possibles.... 21 août 1883 En moins de vingt jours, Courbet avait théoriquement, vengé la mort du commandant Rivière et rempli la mission dont on l'avait chargé..... Mr Harmand renvoya en France le général Bouët.... C'est le 25 octobre 1883 que Courbet reçu son commandement en chef..... Courbet fut nommé vice-amiral..... Le 13 février 1884, Courbet remettait sa marque - cette fois pavillon tricolore à trois étoiles - au mât de misaine du Bayard..... LA CHINE Il était vice-amiral et, comme tel, commandait à toutes les forces navales françaises d'Extrême-Orient. C'est à dire aux deux divisions du Tonkin et des mers de Chine.. FOU-TCHEOU Courbet était devant Fou-Tcheou. Dès le 11 juillet 1884..... Le 30 août 1884, toute l'escadre de Courbet était mouillée, dans le plus grand ordre, sous l'île Matsou. La bataille de Fou-Tcheou s'achevait par une éclatante victoire. A Fou-Tcheou, nous avions comptés, en tout 10 tués et 48 blessés. L'ennemi avait perdu deux ou trois milles hommes. Tous nos bâtiments s'étaient tirés intacts ou à peu près de la bataille. La flotte chinoise avait été totalement détruite, et pas un canons de la rivière n'avait échappé à Courbet.... FORMOSE Courbet, avant que septembre ne fut achevé, reçu l'ordre (de Jules ferry) d'aller à Formose avec toutes ses forces et d'occuper Kelung, Tam-soui, et de bloquer l'île..... KELUNG Le 29 septembre 1884, appareillant de son île Matsou à l'embouchure di Min, Courbet amenait vers Formose son Bayard, l'aviso Lutin et trois transports, la Nive, le Tarn et le Drac.... Et le lendemain, 30 septembre au matin, l'amiral, mouillant à Kelung, y trouvait déjà appelé par ses ordres, les croiseurs Duguay-Trouin et Chateau-Renaud, avec les croiseurs légers Parseval et Saône, et la canonnière Aspic... Le 3 octobre au soir, toute la région à l'ouest de Kelung était entre nos mains..... L'échec de Lespès à Tam-soui rendait toute opération ultérieure dans Formose impossible Dès le début de novembre, ce fut, très logiquement, la typhoïde, d'abord. Heureusement la peste voulut bien ne pas s'en mêler. Mais le choléra accourut à la rescousse. Les chinois mis en déroute le 1er octobre s'étaient bien gardé d'enterrer leurs morts, ni même d'emporter leurs blessés..... Vers le 1er novembre nous comptions quatre cents malades alités.. Le 5 février 1885, Courbet, après quatre mois de Kelung..... appareilla, emmenant avec son Bayard , l'Eclaireur, la Saône et l'Aspic. Il allait à l'île Matsou, où étaient déjà la Triomphante et le Nielly. Et il appelait à lui le Duguay-Trouin. SHEIPOU Courbet eut une inspiration audacieuse. Ou les navires ne pouvaient se risquer au hasard, des canots avaient chance d'être plus heureux. Ou le canon ne pouvait s'employer, la torpille devait réussir. Courbet, n'avait pas de torpilleurs. Mais les canots à moteurs du Bayard pouvaient être équipés en porte-torpilles..... Gourdon aborda la frégate par l'arrière, la torpilla, et faillit ne pouvoir s'en dégager. Duboc, arrivant à son tour avec le canot 1, fit sauter également sa torpille contre la hanche tribord du Yu-Yuen, et s'en dégagea immédiatement..... L'affaire de Sheïpou eut un retentissement considérable en France... LES PESCADORES ET LE RIZ Les Pescadores représentaient maintenant en mars 1885, une position très forte, comprenant beaucoup d'ouvrages armés d'artillerie moderne et une garnison d'au moins six milles hommes, de vrais soldats..... Mais il (Courbet) se sentait capable de gagner cette bataille... Il laissa donc l'amiral Lepès... au blocus du riz ..... Il appareilla le 25 mars, avec son Bayard et le transport l'Annamite, où il avait embarqué un bataillon d'infanterie de marine, 400 hommes et une section d'artillerie de montagne, deux pièces de 80mm. Il allait à Taï Wan Fou, point de ralliement. Il y trouvait, exacts au rendez-vous, ses trois croiseurs, la Triomphante, le Duchaffaut et le d'Estaing. La mer était très dure. La canonnière Vipère, désignée comme mouche de la division, n'avait pu tenir et avait dû relâcher au plus proche abris. C'était le 28 mars 1885? Le lendemain 29, l'amiral arrivait en branlebas de combat devant la baie de Ponghou.... L'artillerie du Bayard est du modèle 1870 : faible vitesse initiale, - moins de cinq cent mètres- mais la plus parfaite précision qu'on ait obtenue jamais. Les pièces de 14 cm, chargées à bras - l'obus ne pèse que 28 kgs - quoique d'une égale justesse, ne tentent pas le coup direct sur les canons en barbette, à peine visibles, mais couvrent leurs servants d'une pluie d'éclats sous laquelle il est impossible de retenir même des canonniers rompus au combat . Les canons Hotchkiss tirant en feu accéléré, achèvent de rendre la position intenable..... L'ennemi comptait 400 tués ou blessés. Nous n'avions à regretter en tout et pour tout que cinq hommes morts et douze blessés, dont deux officiers..... LA FIN Seulement, rentrant à son bord dans l'après-midi, l'émotion s'ajoutant à la fatigue, Courbet au seuil de son cabinet du Bayard, tomba dans les bras de ses aides de camp et perdit connaissance. Les médecins du cuirassé, immédiatement accourus, furent long à le ranimer. Il avait excédé ses forces.... C'était le 2 avril 1885 que Courbet, vainqueur des Pescadores, avait reçu, sur les pentes de la montagne Ponghou, l'hommage triomphal de toute sa petite armée. C'était le même soir que ses forces le trahissaient pour la première fois, il s'était évanoui en rentrant à son bord. Il était souffrant depuis plus de deux ans, et se soignait peu... Il souffrait naturellement du foie, comme tous les marins fatigués par les longues campagnes dans des régions insalubres, et parmi des changements de température fréquents et brutaux.... Dès le 3 juin, les médecins étaient anxieux. L'amiral n'avait jamais beaucoup dormi, il ne dormait plus qu'à peine. Il souffrait beaucoup du foie. Le teint devenait couleur de vieil ivoire. Les yeux jaunissaient. Le 10 juin, on lui conseilla de garder le lit. Il se leva tout de même et travailla. Mais avant midi, il dut se recoucher. La force lui manquait.... à six heures, syncope. Puis fièvre... Au matin du 11 juin Courbet pouvait à peine parler.... il était six heures du soir et le médecin en chef docteur Doué, annonça que la fin était proche.... Cependant, un à un, tous les capitaines de Courbet avaient accostés le Bayard et s'étaient présentés, silencieusement, au mourant. L'agonie avait commencée avant sept heures du soir.... A neuf heures cinquante, le docteur Doué articula : Messieurs, L'amiral Courbet est mort... Un lieutenant de vaisseau (ou un enseigne), relevés d'heure en heure, veillèrent le corps, sabre au clair. Le lendemain, 12 juin 1885, la dépouille funèbre du vainqueur des mers de Chine, exposée dans le cabinet de travail sur les coussins du divan de tribord, reçut son suprême et dernier hommage. Tous les matelots du Bayard, non point appelés, mais conviés, défilèrent un à un en tenue de travail, devant le corps..... Dès le 12 juin, au matin, le Bayard, et toute l'escadre à l'imitation de l'amiral, avaient pris le deuil : pavillons en berne, vergues apiquées en pantenne, coup de canon tiré d'heure en heure. Le 13 une cérémonie funèbre se déroula, avec le défilé de tous les détachements de terre et de mer en armes.... Un ordre de Paris rappela le Bayard en France.... Et le Bayard parti des Pescadores le 23 juin.
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