Généalogie de José CHAPALAIN
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Retour autre texte transmis par B Perchey Le CACIQUE Les documents suivants (texte et photo) qui représentent un témoignage très intéressant sur la vie des marins à l'époque des faits m'a très aimablement été transmis par B Perchey Document de B Perchey : que je remercie pour son autorisation pour l'insérer sur ce site. Correspondance de notre grand-oncle
Louis COURILLON , Avec son épouse et ses frères . Il
utilisait la même lettre pour toute sa famille .Cétait pendant la guerre de
Crimée ,en 1854 .
Le
CACIQUE ,un des premiers Vaisseaux de guerre de la marine
Française ,à vapeur . Notre Grand-Oncle LOUIS COURILLON a participé à la guerre de Crimée à bord de ceNavire .
Le Pirée ,le 29 Janvier 1854 .
Ma Chère épouse , La présente est pour te faire
savoir que je suis en bonne santé ,et en même temps ,pour minformer de
létat de ta santé . Je désire de tout mon cur que ma lettre te trouves dans
une aussi bonne disposition ,quelle me quitte ,ainsi que notre petit garçon pour
mon plus grand bonheur . Ma chère amie ,je te dirai que nous sommes partis de Toulon le
13 Janvier ,et que nous avons eu beau temps ,jusquà lîle de Malte ,où nous
avons relâché pour faire du charbon . Nous y sommes restés 3 jours et nous avons eu du
grand vent debout ,qui nous a obligé à faire escale à Salonique ,île de la Grèce où
nous sommes restés un jour . Nous sommes arrivés au Pirée le 26 pour faire du charbon .
Nous espérons le beau temps pour partir ,car il ne fait pas beau temps tous les jours
dans cette saison-ci .Il paraît que lescadre est à Constantinople ,et nous avons
encore 200 lieues pour nous y rendre . P.S.
Ma chère Justine , je tai écrit pour répondre à ta lettre ,que javais
reçu à Toulon, et je pense que tu lauras reçue . Jaurai bien désiré te
faire savoir le jour que nous devions partir ,mais je ne savais le jour de notre départ
,et je ne lai su que la veille .Nous étions si pressés de travail ,que je
nai eu nullement le temps ,et cela ma contrarié beaucoup .Ainsi ,tu vois que
ce nest pas de ma faute ,je ten prie ,chère amie ,ne taffliges pas
,prends courage et patience . Ce temps de tristesse se passera avec lespoir et la
confiance en Dieu ,et sa protection . Jai pleine confiance quil me ramènera
près de toi . En attendant ,il est vrai chère amie ,que cest une grande privation
,pour toi comme pour moi .Que veux-tu y faire ,on ne peut empêcher tout cela . Tu me
diras dans ta prochaine lettre ,si notre petit garçon sen vient bien ,et sil
se porte bien . Pauvre enfant ,je ne puis pas avoir la douce de le voir et de
lembrasser . Sur cette lettre ,je te dis ce qui occupe ma pensée ,il nest pas
de moment que je ne pense à toi et à mon enfant .Quand jai lesprit occupé
,il me semble que je suis près de toi , mais à la réflexion ,je vois que je suis très
éloigné et savoir quand je me rapprocherai ? Je te dirai aussi que
relativement à ma position ,nous ne sommes pas mal à bord . Le commandant en chef
nest pas méchant , il se nomme Quinay ,le second ,nest pas méchant non plus
,il se nomme Durand . Les officiers ,ce sont de bons hommes .Du reste je pense que nous ne
seront pas malheureux à bord si ça continu ,cest à dire pour le service ,on est
bien ,je désire que cela continu ,la suite nous apprendra le reste .Ma chère amie ,tu me
diras dans ta prochaine lettre ,si tu es toujours à ta place et comment tu ty
trouves . Jai vu par ta lettre que tu nétais pas trop heureuse . Tu me diras
aussi ,si tu as touché ma délégation , tu me diras aussi combien tu gagnes à la place
où tu es .Pour moi je te dirai que je suis à une pièce de 30 ,et jai six francs
de supplément par mois .Tu me feras réponse sitôt la présente reçue . Tu me diras
aussi ce que les journaux disent des affaires dOrient , je crois que vous en avez
pour votre argent décrits ! Je ne connais plus rien à te
dire ,que dembrasser notre petit garçon . Je finis de técrire ,mais non de
taimer ,et je suis pour la vie ,ton fidèle époux .Louis Courillon. Mon
adresse : Louis Courillon ,Marin de létat ,à bord de la frégate à vapeur le
Cacique ,dans lescadre du Levant CONSTANTINOPLE . Tu
embrasseras pour moi toutes tes surs et leur mari ,ainsi que leurs enfants ,et tu
leur souhaiteras le bonjour pour moi et des
compliments à toute la famille .Souhaite le bonjour pour moi à la Mère Pierre ,à
Victor et sa dame .
Mon cher frère , Je joins ces quelques lignes à
ma lettre pour te souhaiter le bonjour ,ainsi quà ta femme et à ton garçon . Je
me porte bien ,Dieu merci ,je désire que ma lettre vous trouve tous en bonne santé . Mon
cher frère ,je te dirai que nous avons relâché à Malte ,comme je le marque à ma femme
,que cette île appartient aux anglais ,quelle est bien bâtie et bien
fortifiée .Nous sommes maintenant à deux lieues de la Grèce ,cest à dire
Athènes . Tu me diras si ton commerce va bien ,et si les barques gagnent bien leur vie
,et les nouvelles du pays . Souhaite le bonjour pour moi à ta femme et à ton garçon .
Et je suis pour la vie ton frère tout dévoué ,fais mes compliments à Paris ,à sa
femme et à Hyppolite Louis
Courillon .
Embouchure du Danube ,le 27 Mars 1855 .
Chère
épouse , La présente est pour répondre
à ta lettre datée du 24 Janvier que je viens de recevoir,et dans laquelle
japprends toujours avec un nouveau bonheur ,que tu jouis dune bonne santé
,ainsi que notre petit garçon . Je vous en souhaite ,à tous deux une longue prolongation
. Pour moi ,chère amie ,je me porte mieux maintenant ,car jai éprouvé des
douleurs dans tous les membres ,et un rhume qui ma duré une partie de lhiver
. Mais grâce à Dieu ,je me porte assez bien ,et je désire de tout mon cur que ma
lettre te trouve en bonne santé ainsi que notre enfant . Puisse le ciel exhausser mes
prières pour quil vous conserve à mon amour ,et me ramène près de toi , et que
surtout que cette malheureuse guerre se termine bien vite ,pour le bien de beaucoup de
famille . Car cest un terrible fléau que la guerre ,autant quune nation soit
victorieuse , cela est toujours triste et il existe toujours des victimes . Enfin ,prenons
courage et patience et ayons confiance en la providence comme je te le dis souvent dans
mes lettres .Jai lespoir quelle ne nous abandonnera pas ,et quelle
mettra fin à toutes ces misères et souffrances . Chère amie ,tu me parles que
notre petit sen vient toujours bien ,et quil est méchant . Je
ne saurai exprimer la joie que je ressens ,quand tu me dis quil se porte bien ,que
tu me racontes toutes ses petites manières ,il me semble être près de toi . Mais à la
réflexion ,je vois avec peine quun grand espace nous sépare .Que mon bonheur sera
grand ,quand je pourrai te dire ma pensée ,et vous presser tous les deux sur mon
cur . Je crois que je naurai
jamais de jour plus heureux . Mais lheure nest pas encore venue ,et ,en
attendant comme je te dis chère amie ,armons nous de courage ,car ce jour viendra
,jen ai la douce consolation . Chère épouse ,tu me dis dans ta
lettre que tu as fait 3 heures de jours gras ,et moi je vais te dire que je ne savais pas
seulement le jour quil était ,cest à dire le quantième du mois .quil
sest trouvé ,quand bien même je laurai su ,je nen aurai pas dîné
plus grassement au service .Cest toujours du bouilli ,jamais de rôtis ,et pour
changer du buf ,un jour ,et du lard salé lautre .Il ny a quà
Constantinople ,que nous mangeons de la viande fraîche ,aussi les équipages des navires
,nont pas très bonne mine ,mais cependant ils se portent assez bien . Chère amie ,tu ne me parles pas
de la procuration ,que je tavais envoyée .
Tu ne me dis pas si tu la envoyée au bureau du personnel au ministère de la Marine . Tu me le diras dans ta prochaine lettre ,et tu me
feras savoir combien tu as touché en tout de
ma délégation . Dis à mon frère quil
ait lobligeance de marquer ce que tu pourras toucher pendant mon absence . Au moins ,si Dieu permet ,un jour mon retour ,je
pourrai mexpliquer avec le commissaire de Caen . Je ne puis croire que je sois
apostillé au bureau dHonfleur . Tu
pourrais en parler au Capitaine Barbet ,mais je trouve surprenant que lon
tenvoie un mandat ,et que tu ne puisses pas le toucher .Cela est arbitraire ,et je
puis te dire aussi quà partir du 1er Janvier 1855 ,que je te délègue
15 francs par mois ,car mon avancement en
classe ,a été approuvé du ministre ,et compte à partir du 1er janvier ,ce
qui va faire presque moitié plus . Chère épouse ,je te donnerai
cette fois que des détails peu importants ,dabord Sébastopol ,nétait pas
prise le 24 Mars ,nous étions en croisière devant Odessa et aux environs ,quand le
Milan ,corvette à vapeur française est arrivée le 25 mars nous
apporter des lettres ,et nous transmettre lordre de nous diriger sur Constantinople
,pour faire notre charbon ,et prendre un chargement de troupes turques . Je vais te donner
une petite explication de notre croisière . Nous sommes partis de Karmiesck ,le 11mars
pour visiter les navires ,nous en avons visité deux qui étaient en bonne forme ,entre
autre un Dundis ,qui nous a appris la mort de lEmpereur Nicolas ,il avait un journal
de Constantinople du 8 mars ,quil a donné à notre Commandant .Ensuite ,nous nous
sommes dirigés vers lîle des Serpents ,où
nous avons mouillé le soir .Dans la nuit ,nous avons été forcés de lever lancre
,et de nous diriger vers lembouchure du Danube ,où le blocus était levé depuis le
18 Janvier .Nous avons vu une grande quantité de navires qui montaient le fleuve ,et nous
sommes restés au mouillage ,jusquau lendemain 13 mars . Nous avons fait route pour la rade dOdessa ,où nous
arrivâmes le soir . Nous avons trouvé une corvette anglaise qui y était en station
.Nous sommes restés devant Odessa jusquau 22 courant ,jour où nous avons fait
route sur lîle de Tindra ( ?) où nous avons trouvé deux navires de guerre
anglais qui étaient également en station comme nous . Le 24 mars on nous envoya à terre
,la moitié de léquipage ,nous y avions déjà été au mois doctobre 1854 .
Lîle de Tindra ,avait déjà été abandonnée par les Russes au commencement de la
guerre actuelle . Il ny a sur lîle que quelques cabanes de pêcheurs ,et un
phare ,qui nest plus allumé . Cette île servait de pâturage pour les chevaux
,mais maintenant ,il ny a plus rien . Enfin ,nous nous sommes promenés ,voilà
tout. Le Milan est venu et à son arrivée ,nous avons fait route
pour Constantinople et nous avons mouillé à lembouchure du Danube. En nous en
allant ,ce soir ,nous ferons route pour notre destination . Voilà tout ce que je
peux te donner comme détail. Je te prie ,chère amie , de faire mes compliments à toutes
tes surs et à leur mari ,et aux nièces et neveux et à toute la famille ,à notre
tante Pilon ainsi quà ses enfants .Embrasses pour moi ta sur Nannan ,et
Legrand , et le petit Félix . Assures mes respects à la famille Lecourt ,ainsi
quà la famille David ,au père Tanneur ,à monsieur Bouët et à sa dame et à
madame Petit et aux amis dhabitude .
Kamiesck ,ce 6 mai1855 ,
*********************
Chère épouse , Jai
reçu ta lettre le 3 mai qui est datée du 15 avril et jy apprends que tu jouis
toujours dune bonne santé ,ainsi que notre enfant . Je vous en souhaite à tous
deux une longue continuation . Pour moi ,chère amie ,je me porte assez bien ,et je
désire de tout cur que ma lettre te trouves en bonne santé . Je demande au
ciel,dans mes prières ,quil nous conserve et nous réunisse le plus tôt possible . Chère amie ,tu me dis que tu es
surprise que mes lettres soient si longues à te parvenir . Je dirai dabord
,quil y a deux espèces de courrier ,le direct et lindirect . Cest à
dire ,un qui va tout droit en France sans sarrêter ,et lautre qui
sarrête à plusieurs endroits . Alors quand les lettres sont à bord du courrier
indirect ,il faut nécessairement quelles aient plus de temps pour te parvenir .
Celle de mon frère à partir dOdessa ,ensuite elle est allée à Varna et ainsi de
suite ,jusquen France . Ainsi chère amie , voilà la cause du retard de nos lettres
à tous deux . Je tassure que quand jai reçu ta lettre ,elle ma fait
beaucoup de plaisir ,et ma tiré dinquiétude . Relativement à la procuration
que je tai envoyée , il est vrai que tu men parles dans une lettre ,et tu me
dis que tu tinformeras sil est utile de lenvoyer au ministère de la
Marine . Mais tu ne parles pas ,si tu la envoyée ou si tu las reçue .Tu me le diras dans ta prochaine ,et tu me diras
aussi si tu as reçu le dernier trimestre de 54 . Il me semble quil serait temps ,vu
que voilà quatre mois découlés en 55 . Tu
devrais même avoir du toucher le premier trimestre de 55 .Mais ils sont toujours plus en
retard quen avance ,et je ne suis pas non plus étonné de la mauvaise volonté du
syndic ,car cest bien un original sans copie ,enfin bref la dessus ,je finirai par
en dire plus que je ne voudrai .Il faut espérer que nous naurons pas toujours
besoin davoir recours à des gens si mal obligeant . Chère Justine ,tu me demande si
mon avancement est de 1ere ou de deuxième classe ,je
te dira i quil nest que de
deuxième classe .Cest à dire à 33
francs par mois et 6 francs de supplément par mois également ,ce qui monte ma paye à 39
francs par mois .A partir du 1er
janvier 55 ,je vais te déléguer 15 francs par mois ,au lieu de 8 francs .Tu me diras
dans ta lettre prochaine ,ou du moins quand tu toucheras le 1er trimestre 55
,si tu as touché plus que dhabitude . Il serait possible que tu ne le touche pas
,vu que lordre est envoyé de Toulon à Caen , alors jaurai un rappel de solde
à réclamer . Mais je préférerai que tu le touches
,vu que cela te ferait le double dargent . Tu me dit aussi de te dire
,si je touchais quelque chose et comment on arrangerait cela
.Je vais ten faire une explication : dabord de 1854 ,il me
reste 112 francs que le gouvernement me doit . Maintenant de 55 ,jai touché 12
francs et le 15 avril 10 francs ,cest tout ce que jai touché cette année .
Jen ai bien assez ,vu que tout est
dune cherté extraordinaire ,et tout ce que lon vend ,nest pas grand
chose de très bon . Les pommes valent 2 sous la pièce et encore elle ne valent rien ,4
noix pour un sou ,4 figues pour un sou ,une orange 20 centimes ,un hareng 20 centimes ,le
pain 8 sous la livre et encore ,il ne vaut rien ,le kilo de pommes de terre vaut 75 sous . Ainsi ,comme tu peux le voir ,tout est bon
marché .A terre ,on vend aussi quelques volailles ,et
il faut parler de 8 ou 9 francs pour une . Tu mapprends aussi que
notre neveu Louis est parti pour Brest . Ses parents doivent être beaucoup chagrins
,enfin sil a espoir de se faire remplacer .Moi je suis de son avis , il me semble
que cela lui coûtera beaucoup moins cher pour se faire remplacer au corps quétant
à la maison .Tu me diras aussi si on a reçu de ses nouvelles et dans quel régiment il
est .Chère épouse ,je suis charmé ,et jéprouve une grande joie en me détaillant
toutes les manières de notre enfant . Je tassure que cela me fait beaucoup de
plaisir ,mais si je pouvais le voir moi-même ,je serai beaucoup plus heureux .Cela ne se
peut pour linstant , Il
faut espérer ,puisquil ny a que lespoir qui fait vivre , que Dieu nous fera la grâce de nous réunir un
jour , pour ne plus nous séparer . En attendant ,comme je te le répète ,chère amie
,courage et patience . Je te prie de lembrasser bien des fois pour moi .Tu diras à
la mère de Setter ,que je nai pas vu son garçon depuis Toulon .Je savais
,quil était sur la frégate à vapeur le Mantésuma ,et
jai appris par des hommes de son bord quil avait été malade ,aux environ du
mois de janvier .Il devait rentrer en France en convalescence . Maintenant
,je ne sais sil y a été oui ou non ,et tu lui souhaiteras le bonjour de ma part ,
ainsi quà sa mère et à Louise . Tu me recommandes ,chère amie
,de ne pas minquiéter ,et que tu me fais réponse sitôt que tu reçois ma lettre .
Jen suis bien persuadé , mais il est bien difficile de ne pas sennuyer il y a des moments surtout où je mennuie à
la mort ,et cest surtout le dimanche ,quand nous ne travaillons pas .Il est vrai que
nous ne sommes pas souvent à rien faire . Je ne connais plus rien à te dire ,que de
faire des compliments aux frères et surs ,aux neveux et nièces ,à notre tante
Pilon et à ses enfants et à toute la famille Davier ,à la mère Pierre et aux amis
dhabitude . Embrasses pour moi notre père Legrand
et notre sur Nonnon ,le gros Félix ,car il ne doit pas être petit
maintenant .Je finis de técrire mais non de taimer ,je suis pour la vie ton
fidèle époux qui tembrasse de loin . L. Courillon. Mon
frère , Je
reçois également ,ta lettre avec celle de ma femme ,et je vois avec joie que tu es en
bonne santé ainsi que ta femme et les petits Courillon .Je vous en souhaite une longue
continuation et désire dun grand cur ,que la présente te trouve dans
daussi bonne disposition ,quelle me quitte . Japprends par ta lettre que
tu as vendu notre maison,jen suis bien content den être débarrassé .Elle nous apportait plus de tourments quelle
nous rapportait de bénéfices . Je ne puis te donner que peu de détails ,vu que je
nai pas le temps . Dans la nuit du 1er au 2 mai ,nos troupes ont pris les
embuscades russes ,avec 11 mortiers et 12 pièces de campagne . A lautre courrier je
te donnerai une explication plus longue sur autre chose . Embrasse ta femme et le petit
Courillon pour moi .Pour la vie ,ton frère L.Courillon
.
Kamiesch
le 15 juin 1855 .
*********************
Ma chère épouse , Jai reçu ta lettre
le 7 juin ,qui est datée du 23 mai . Je suis heureux dapprendre que tu es en bonne
santé ,pour moi chère amie ,depuis quelques jours ,je suis un peu malade . Jai
été pris de vomissement et de coliques qui mont duré quelques jours .Jai été obligé daller à
lhôpital du bord ,où je suis encore . Je me suis purgé et cela ma fait
beaucoup de bien .Enfin grâce à Dieu ,je commence à aller un peu mieux , et dici
à quelques jours ,je pense reprendre mon service . Tu mas appris aussi par ta
lettre que notre petit garçon avait été bien enrhumé ,il faut bien peu de chose pour
déranger les enfants ,cela me créerait de linquiétude si tu ne me disais quil va mieux . Je désire
de tout mon cur que ma lettre vous trouve tous les deux en parfaite santé .
Cest toujours ce que je demande à Dieu ,quil nous conserve la santé ,car
nous en avons grand besoin tous les deux pour supporter nos contrariétés et nos chagrin
. Puisse donc le Ciel exhausser les vux que je fais ,et surtout celui de nous
réunir le plus tôt possible . que de fois ,chère amie ,je lai demandé à Dieu
dans mes prières ,et jai le doux espoir que je ne laurai pas invoqué en vain
. Tu me dis aussi que notre petit ne sera guère bon ,et quil bat sa marraine . Cela
ne prouve pas quil ne sera pas bon à lavenir ,mais il est encore jeune ,. En grandissant ,il changera de conduite ,à cela
près ,quil sen vienne bien et nous verrons plus tard .Je suis content de
savoir que la procuration que je tai envoyée était bien et quelle a pu te
servir . Mais tu ne men avais pas parlé dans tes autres lettres . Tu me parles
aussi dhypothèques légale au purge que tu as reçue dun huissier de
Pont-lEvêque ,relativement à notre maison de Dives .Je voudrai bien que dans ta
prochaine lettre ,tu mexpliques dune manière plus claire ce que cest
que cette purge .Tu me dis aussi que tu nest pas satisfaite que nous ayons vendu Cette
maison ,et moi ,il est vrai que jen suis content . Je ne ten avais nullement
parlé ,car jai pensé que mon frère t en avait fait une explication comme je
le pense . Je crois que tu plaisantes en me parlant ainsi . Je vais te dire ce que je
pense pour cette propriété ,que tu dis
admirable . Oui ,si elle avait été à Trouville . Dabord ,je voudrai ne jamais
lavoir connue ,ni quelle mappartienne ,car elle me coûte plus que je ne
pourrai jamais en toucher .Je voudrai que la première lettre que je recevrai
mapprenne quelle est brûlée . Cette
maison me rappelle de top mauvais souvenirs ,enfin ,assez la-dessus . Tu me diras
nettement ce que tu en penses et après ,à la réflexion vous pouvez faire comme vous
voudrez . Jai bien reçu le mandat de 20 francs ,mais je nai pas touché
largent ,car nous navons pas été à Constantinople depuis , enfin ,il ne
sera pas perdu . Tu mas appris aussi que relativement à tes affaires de famille
,que largent était versé chez le notaire et que tu ne pouvais pas le toucher .
Cest tout simple ,et il en fera lintérêt . Je suis content que tout cela
soit fini , car ça a coûté beaucoup de cassements de tête à tout le monde qui y
était intéressé . Tu me diras ,si toutefois tu le sais ,la somme quil ya et chez
qui elle a été versée . Tu
me parles de Setter ,je me suis informé à bord du Montezunia
où il était ,du moins où je le savais être ,il y a 5 ou 6 mois . On ma dit
quil avait été en France ,en convalescence ,et quil était bien malade . Il
était chauffeur ,et cest un poste qui est beaucoup pénible ,et qui a conduit
beaucoup dhommes au tombeau . Tu feras mes compliments à sa Mère et à sa
sur Louise . Je serai satisfait de savoir dans quel régiment est notre neveu Louis
,et quand on lui écrira ,je prie sa mère quelle lui passe mes compliments . Je te
prie chère amie dembrasser pour moi notre enfant ,et souhaite le bonjour à notre
sur et frère Legrand et au petit Félix ,embrasses les pour moi .Tu feras aussi mes
compliments à tes surs et frères ,et
aux neveux et nièces ,à notre tante Pilon et à ses enfants et à toute la famille .A la famille Lecourt ,à la famille David ,à mr
Bouët et mr Tenneur ,et à la mère Pierre
,et à tous ceux qui sinformeront de moi . Je vais te donner quelques détails plus
bas . Je finis de técrire ,mais non de taimer et suis pour la vie ton fidèle
époux qui tembrasse de loin .L .Courillon. Je te félicite de ta signature que tu
as fait sur ta lettre et sur les deux curs que tu as tracés .Je tassure que
cela ma fait beaucoup de plaisir , et je voudrai être aussi près de ton cur
que je suis auprès de celui que tu mas envoyé
.Ayons espoir et courage . Cher
frère , Jai été un peu malade ,et
je vais un peu mieux comme je le marque au-dessus . Je désire que ma lettre vous trove
tous les trois en parfaite santé . Tu mas appris que tu avais mal aux yeux ,et cela
ma fait de la peine ,il faut espérer que cela ne sera rien . Je vais te dire
quelques mots de la guerre et sur notre retour à Kamiesch
.Je te dirai dabord que le 9 juin au soir à 8 heures ,on a mis le feu
à tous les magasins et à larsenal de Kercth ,appartenant
au gouvernement russe . Le 12 juin ,jour de notre départ pour Kamiesch ,ça brûlait
encore ,et je puis tassurer que cétait un beau feu de joie . Tous les navires
à vapeur qui ont quitté Kertch ont remarqué un navire russe à Kamiesch et tous
chargés de blé de farine et dautres de munitions et diverses marchandises utiles
à la vie . Il est resté 10
000 turcs à SemiKalé ,et très peu de français ,ont beaucoup fortifié ,de manière a
ce quils puissent résister à une armée de 60 000russes .Il y a quelques navires
de guerre qui sont restés en station .Je vais tannoncer une assez bonne nouvelle
,les français et les anglais ont pris 66 pièces de canon aux russes ,qui nétaient
pas encloués et servaient maintenant à tirer sur les russes .On a fait 500 prisonniers
dans ces batteries ,mais navons pas été sans perdre de navires ,mais je nen
connais pas le nombre . Les anglais par terre ont coulé une corvette russe dans le port
de Sébastopol . Les vaisseaux russe ont voulu sembosser pour faire abandonner les
batteries que nos troupes avaient prises .Les vaisseaux ont été obligés de se mettre à
lentrée du port ,sous le fort de la quarantaine ,on les voyait parfaitement de
dessus la rade . Je vais te dire le nom des batteries russes que lon a pris : 1°
Le mamelon vert ,où lon a mis 6 pièces de 120 et 2 énormes mortiers de 32
centimètres ,qui tirent sur une des plus grandes fortifications par terre ,qui se nomme
La Tour Malakoff . 2°
Il y a les batteries dans le redent . 3°
Les batteries blanches ,Le Général Canrobert
a passé la Thernaïa et coupe les communications avec Sébastopol
qui ,tout le monde le dit ,ne résistera beaucoup de temps . Il
faut quelle succombe ,car nous avons arrêté dernièrement un nombreux convoi de
vivres et de munitions ,et de médicaments .En ce moment on tire au canon de temps en
temps .A notre départ de Kertch le vaisseau de Napoléon part faire une reconnaissance à
Anapa ( ?) Les
russes lavaient abandonné ,et les Circassiens loccupent ,sans cela nous y
allions faire un petit tour ,la Crimée est plus que moitié perdue pour eux . Embrasse ta femme et le petit Courillon ,pour
moi .Donnes moi des nouvelles du pays ,et je
tembrasse de cur pour la vie .Ton tout dévoué frère . L.Courillon . P.S.
Tu me diras comment va ton commerce ,et fait moi une explication sur cette maudite
maison ! Mes compliments aux petits Paris . Il
semblerait que ce Louis Courillon ,soit le même que celui qui a raconté sa campagne de
Chine , et quil aurait été Marin de létat pendant toute sa carrière . Son
premier récit commence en 1846 ,et le dernier se termine en 1855 ,mais je suppose que des
lettres ont disparu de ce récit de la guerre de Crimée . |