Généalogie de José CHAPALAIN


 

 

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Les Gras de Douarnenez continuité et métamorphose

 

Extraits de l'article de Nelly le Duff dans les Mémoires de la ville de Douarnenez n° 27

 

De 1835 à 1914

Les arrêtés municipaux

Le carnaval à Douarnenez est mentionné pour la première fois dans un arrêté municipal daté du premier mars 1835. Ensuite de 1835 à 1845, puis en  1874, chaque nouveau maire renouvelle les règles de conduite à adopter pendant le carnaval.

Nous apprenons que les carnavaliers sont masqués, déguisés ou travestis. Le carnaval se passe dans la rue et sur les places comme le champ de Bataille (aujourd'hui Place de la Résistance et place Stalingrad) où ont lieu des bals. Certains carnavaliers parcourent aussi les rues sur de chevaux lancés au galop.....

A partir de 1880, la presse locale complète nos informations.

Nous savons que les festivités se déroulent du dimanche après-midi au mercredi soir.. Tous les jours sont l'occasion de défilés de déguisés la plupart masqués, de travesti; le Mardi gras est la journée la plus importante; le mercredi des Cendres, on noie un mannequin appelé "Mardi-Gras"  qui correspond à une personnification du carnaval....

Le nombre de participants est important, en particulier celui des marins, qui dans le calendrier des pêches artisanales sont en période de faible activité et repartent dès le lendemain à la pêche au maquereau....

On sait que  l'inversion est le principe du déguisement. Ainsi certains hommes portent les costumes de noces des femmes de Ploaré, d'autres "revêtent le costume des paysans, les paysans s'habillent chic avec chapeau, parfois aussi ils enfilent le vieux costume du pays sorti d'usage, ou celui du terroir voisin".....

Si les bals, comme celui de la salle Venise, ou sous les Halles, attirent un public nombreux venu danser aux sons des orchestres ou des binious, la fête se passe aussi beaucoup dans les cafés, dans les rues, comme "la Route Neuve qui est le siège d'un incessant défilé de travestis et de bandes masquées".....

 

Les marins-pêcheurs rois de la fête

Le carnaval c'est le défoulement collectif des marins qui ont un métier difficile, dangereux et peu lucratif : "on se libérait des coups de tabac, des privations..., on chantait, on buvait, on se moquait de tout, même des bourgeois... bientôt on serait en mer et il fallait s'amuser comme des fous".

Le carnaval marque le passage entre l'hiver ou on a peu pêché, peu gagner d'argent et le   printemps, où l'on va retrouver du travail, repartir pour la pêche au maquereau.....

Les marins-pêcheurs, qui ne connaissent pas l'épargne, ont besoin d'argent pour faire la fête. Chaque équipage a son bistrot. "C'était le café ou on avait nos dépenses qui avançait l'argent des Gras. C'était une avance sur recette , la patronne fixait le prix par tête de pipe et remettait l'argent au patron-pêcheur. Sans cet argent, le carnaval n'aurait aps été ce qu'il était....

 

le déroulement de la fête

Le dimanche et le lundi sont surtout animés par les jeunes célibataires. Le Mardi Gras, toute la ville, dont l'activité est quasiment suspendue par la fermeture des ateliers, participe aux festivités....

 

Les déguisements

Les marins "se déguisent avec tout ce qui leur tombait sous la main, vieux habits, vieux cirés, tout ce qu'ils pouvaient trouver de vieilleries dans les greniers. Certains  traînaient derrière eux des objets les plus bizarres, d'autres avaient des vieux parapluies...

 

La fête dans la rue

Et comme il n'y a as de fête sans musique, l'harmonie municipale participe aussi à ces défilés. Mais les témoins sont unanimes, on chante beaucoup et ce sont les chants qui créent l'ambiance dans les rues et les cafés....

 

Les noces des gras

Ce sont des mascarades nuptiales, masculines, organisées par quartiers et par corporations. Chaque année on compte une douzaine.....

Ces noces existaient avant les années 1920....

Le couple nuptial est choisi parmi les plus jeunes mariés de l'année, les autres couples qui composent le cortège nuptial sont composés exclusivement  d'hommes mariés...

 

L'esprit des Gras

Pour parler de leur carnaval, les Douarnenistes utilisent l'expression "faire les gras".

En guise d'explication, ils répondent que "c'est d'abord une fête, mais pas une fête ordinaire". Le caractère exceptionnel de la fête réside dans le fait de se déguiser, mais de se déguiser n'est pas suffisant.." Et les Douarnenistes sont fiers de l'"esprit" qui anime la fête, temps fort de la vie festive de la ville.

L'"esprit des gras" est défini par cette façon humoristique de se moquer d'un évènement , d'une personne... Mais il ne s'agit pas de dire, de faire n'importe quoi. L'"esprit des gras" frôle les limites de ce qui est socialement toléré....

La déambulation dans les rues et ruelles du centre ville, sur les quais du Rosmeur fait partie du rituel. Elle même inévitablement dans les cafés qui signent la présence incontestable de l'alcool dans la fête. Alcool qui freine la timidité que n'avait pas entièrement effacé le déguisement, qui aide à se glisser dans son personnage....

 

La tradition conservée

Cette notion de tradition implique aussi une continuité à travers les générations. La fête est étroitement liée au passé maritime de la ville, à la communauté des marins-pêcheurs, dont les Douarnenistes se considèrent encore aujourd'hui comme les héritiers...

On a assisté, en effet depuis les années 1920, à un essoufflement puis à sa disparition presque totale dans toutes les villes en Bretagne. Le carnaval de Douarnenez devient aujourd'hui une fête unique en son genre . Dont l'esprit perdure.....   

 

Le détail complet dans l'article de Nelly le Duff dans les Mémoires de la ville de Douarnenez n° 27