Généalogie de José CHAPALAIN


 

 

Retour particularités de Douarnenez    la sardine

 

1900 - 1914

Quand Douarnenez connaît la misère

La grande crise

extraits de l'article de Jean-Michel le Boulanger  : N° 26 des Mémoires de la ville de Douarnenez

 

"A Douarnenez la misère noire

L'Etat met en place un système d'aide aux indigents, 500 000 F sont votés par le parlement dont 427 000 F pour le Finistère. La presse nationale lance de vastes souscriptions où le misérabilisme le dispute parfois au goût, si particulier, du sensationnel.....

M Das, commissaire à l'inscription maritime, donne alors des indications générales sur la situation douarneniste. "Vous désirez des chiffres? ... Pour une population sardinière de 12 000 âmes environ, à Douarnenez, j'ai reçu à ce jour, des demandes d'assistance de 1200 familles indigentes. A 8 têtes par famille, en comptant pour chaque ménage une moyenne de 6 enfants, cela fait près de 10 000 indigents avoués. Les patrons de bateau, ceux qui gardent l'orgueil de la réputation acquise mais souffrant autant que les autres. Ceux là ne viendront pas s'inscrire par amour propre, ils enverront leurs femmes, ou une fillette, ou plutôt encore, pour essayer de dissimuler, l'enfant d'un voisin qui me chuchotera un nom à l'oreille."....

En août 1909, le chef de gare se plaindra même des mendiants qui harcèlent les voyageurs...

 

La crise de la conserve

Nos marchés envahis

Le prix de revient des fabrications ibériques est de 40 à 50% inférieur aux prix français. En 1905, l'usinier espagnol achète le poisson 2 à 3 F le mille; son confrère français l'achète 30 à 35 F, soit 0.35 F les dix d'une boîte qui, venant d'Espagne, est vendue 0.26 F sur le marché français.

Les machines à souder font le travail de dix bons ouvriers pour un prix six fois moindre. En France, toujours  en 1905, on paie 2.50 F le cent de boîtes de quart (fabrication et soudage) soit 25 F le mille. En Espagne ... 4 F! Sans parler des huiles, d'olive en France, mais d'arachide ou de coton, en Espagne......

De nombreux industriel, on le sait investissent à l'étranger, Espagne,  Portugal mais aussi Maroc ou Sénégal. Photo dans l'usine Bézier de Dakar. Ici des hommes et de  très jeunes garçons mettent en gril un arrivage.....

 

Les conserveries de 1920 à nos jours

A Douarnenez 23 conserveries en 1920, 18 en 1938 et 17 en 1950... Toutes travaillent les sardines et le maquereau....

Une importante vague d'innovations qui touche peu Douarnenez

Pour faire face à cette concurrence terrible, le monde de la conserve connaît, en France, une forte vague d'innovations : appareils d'étêtage et d'étripage, nouveau produits de lavage, généralisation du sertissage électrique, qui remplace le sertissage mécanique, installation de nouvelles autoclaves. Le séchage à air chaud obtenu dans des tunnels de ventilation, remplace le séchage naturel, peu efficace en cas de pluie....

Ce mouvement d'innovations touche peu et tardivement Douarnenez....

En 1933, 18 usines de Douarnenez emploient (d'une façon irrégulière) 1850 personnes....

Les années 30 connaissent, à Douarnenez, une mutation importante de la vente du poisson. La criée entre en fonctionnement.....

Vers 1930, une nouvelle préparation, celle du thon au naturel est mise au  point. Le poisson est mis cru dans les boîtes et recouvert d'une saumure. Ces boîtes sont serties et passées à l'autoclave dont la chaleur opère la cuisson du contenu, ce qui provoque une économie très importante de main d'oeuvre et permet de vendre un produit différent du thon à l'huile traditionnel à un prix inférieur à celui de la sardine.....

 

Des conserveries maintenant bien éloignées du port de pêche

En 1962, près de 40% des femmes d'usine ont plus de 55 ans. Le cas de l'usine Bézier cité par Nicole Piriou, est significatif : 31% des femmes ont entre 60 et 70 ans; 43% entre 50 et 60 ans; 18.5% entre 20 et 40 et 7% moins de 20 ans....

Au cours des années 60, une réelle difficulté de recrutement commence à se faire sentir. Le métier de femme d'usine ne plaît guère aux jeunes filles douarnenistes qui préfère place de vendeuse ou, bientôt, emploi dans la nouvelle usine fabricant des combinés téléphonique.....

 

Implantation des usines à Douarnenez -Rosmeur, Tréboul -Port-Rhu - le Guet

                                                       

Les mouvements sociaux

Le travail à l'heure

Depuis l'automne 1904 une grande idée fiat, chaque jour son chemin. Les femmes d'usine, on le sait, sont payées au mille de sardines travaillées. Le mille ! comment savoir, comment compter ? Les cotes sont forcément mal taillées, les irrégularités nombreuses, les évaluations subjectives. Le paiement à l'heure serait de nature à aplanir toute injustice. Le travail à l'heure !

Elles seront bientôt 2 000 un jour de juin 1905 à se réunir pour adhérer au syndicat qui luttera pour le travail à l'heure. Elle seront alors 2 000 à manifester  derrière le drapeau rouge.

Le 11 février 1905, Charles Chancerelle, bien isolé parmi ses pairs, accepte le princi^pe de ce paiement  nouveau. Le 16, ses confrères le suivent.....

Persuadés d'avoir gain de cause, quatre usiniers prennent l'initiative d'un référendum sur cette épineuse question des salaires. Le syndicat "jaune" qui leur est proche multiplie les actions dans une impitoyable guerre d'affiches. Les prêtres refusent l'absolution aux femmes soupçonnées de vouloir le travail à l'heure.....

Le climat est lourd. Quarante gendarmes à cheval et une compagnie du 118e d'infanterie arrivent à Douarnenez. Le 17 juillet, les résultats du référendum sont connus, 965 femmes sont favorables au travail à l'heure, 21 au paiement au mille. "Un vent de révolution souffle sur la ville....

 

Douarnenez comme au temps de Zola

Dès 12 ou 13 ans, elles trouvent un poste qui les fait "filles d'usines". Comme les autres, toutes les autres, elles répondent aux sirènes qui les appellent quand le poisson est là et qu'il faut le travailler....

Certaines feront 80 heures de labeur en 5 jours, elles gagneront alors entre 64 et 72 francs. Les heures de nuit sont comptées comme celles de la journée... Le temps d'attente n'est pas intégré au salaire, bref c'est Zola !....

 

voir le détail complet dans l'article de Jean-Michel le Boulanger  : N° 26 des Mémoires de la ville de Douarnenez, spécial conserveries