Généalogie de José CHAPALAIN
|
|
Femmes criminelles en Bretagne au XIX ème siècle Annick le Douget Je vous recommande tout particulièrement ce livre très bien documenté
Extraits choisis
« La justice criminelle au XIX ème siècle son théâtre et ses acteurs Chapitre 1 La première cession de la cour d’assises du Finistère s’est ouverte à Quimper le 15 juillet 1811…. Spécificité la langue : la machine judiciaire est française tandis que les justiciables, comme les témoins et les spectateurs, sont presque exclusivement locuteurs bretons… Les magistrats sont des bourgeois ou des nobles avec leurs propres valeurs …. Même si le magistrat parle breton … il ne peut se dispenser d’un interprète assermenté… Le président de la cour d’assises, haut magistrat, conseiller de la cour d’appel, est un notable important et écouté, reçu avec les honneurs dus à son rang dans le chef-lieu lors de chaque cession : un appartement lui est réservé à l’étage de la mairie de Quimper ; il est l’invité du préfet, du maire comme de l’évêque…. Les jurés, juges occasionnels issus du peuple et désignés par tirage au sort, participent au fonctionnement de la cour d’assises…. Dans la première moitié du XIX ème siècle, ce sont des notables choisis par l’administration au sein des collèges électoraux très restreints en raison de leur fortune ou de leur instruction. … En 1848, le suffrage universel est instauré et le tableau électoral sert de base à la formation des listes de jurés ou figurent indistinctement tous les citoyens jouissants de leurs droits civils et politiques : tous les électeurs de plus de trente ans peuvent théoriquement être jurés… sauf les domestiques, les serviteurs et, surtout, les personnes ne sachant pas lire et écrire le français… Dès 1853, une mesure est introduite pour en écarter les plus pauvres… et en 1872, les conditions de capacité sont encore restreintes avec l’établissement des listes préparatoires composées du double de noms utiles et dressées par des commissions cantonales auxquelles on reprochera leur clientélisme… C’est exclusivement un jury d’hommes au XIX ème siècle et un jury de notables… Face à ce monde de criminels ruraux, jugés violents et incultes, les jurés sanctionnent plus sévèrement les atteintes aux biens que les atteintes aux personnes… Le public vient en masse assister aux procès – faute de place, beaucoup resteront à la porte de l’auditoire, voire hors du palais de justice…. Maîtres Ponthier de Chamaillard, Durest le Bris et Guillier-Dumarnay sont les plus réputés du barreau de Quimper en 1860. Mais la présence de l’avocat nantais Waldeck Rousseau, considéré unanimement comme l’un des plus distingués de toute la Bretagne, est toujours un grand évènement. C’est ce même public qui apprécie les débats des débuts de la psychiatrie…. Il faut ici parler des complaintes bretonnes consacrées aux affaires criminelles diffusées sur feuilles volantes…. Les complaintes bretonnes sont dans le collimateur des autorités et le ministre de la Police générale demande au préfet du Finistère en 1853 « de ne plus autoriser le colportage de compositions de ce genre …. Cette directive, perdue de vue assez rapidement, sera rappelée par le préfet du Finistère en 1862 et en 1870, et vaudra alors des condamnations à l’emprisonnement aux colporteur et chanteurs qui outrepasseront l’interdiction…
Chapitre 5 La communauté rurale aux risques et à l’épreuve de la violence et du crime Violences au sein de la communauté villageoise
Violences du suicide En 1846 … le Finistère avec 37 suicides est en 25ème position des départements français, et, en 1860, il se trouve en 21ième position avec 47 suicides. Enfin de 1881 à 1900 le Finistère compte en année moyenne 12 suicides pou 100000 habitants, et, avec les autres départements bretons, fait partie des 20 départements français où l’on se donne le moins la mort…. Le cinquième des personnes qui se suicident sont des femmes… En 1868 le département compte 76% de ruraux à l’époque…
Violence contre l’Etat : un département rebelle.. De manière quasi constante au XIX ième siècle, à partir de 1845, le Finistère bat tous les records de rébellion, loin devant les départements voisins.. En 1850.. 70 affaires de rébellion(97 prévenus) sont jugés dans le Finistère…. Le facteur alcool y joue certainement un rôle… La répression de l’ivresse publique sera à partir de 1873 mal acceptée par les populations urbaines et rurales… Les gendarmes sont les mal-aimés de la population rurales au XIX ième siècle. Ils ne sont pourtant qu’au nombre de 191 dans le Finistère en 1850….
Les adjuvants de la violence : misère et alcool
1847, année de misère. Vent de violence dans l’ouest et dans le Finistère L’année 1847 est la plus criminogène du XIX ième siècle dans le Finistère, et la délinquance, liée à la rareté des subsistances, y explose dans les mêmes temps…. Les affaires criminelles étaient jugées pour la majorité dans les 3 mois de leur commission. 99% d’entre elles étaient jugées au plus tard dans les 6 mois.. Le nombre de mendiants et d’indigents augmente sensiblement au rapport des maires de plusieurs communes. Citons l’exemple du maire de Plozévet déclarant le 08 mars 1847 qu’il y a 500 pauvres indigents dans sa commune peuplée de 2863 âmes. De Poullan-Tréboul, où l’année 1847 est « d’autant plus malheureuse encore que la pêche de la sardine, la seule industrie du pays, a totalement manquée » ; 592 personnes font partie « de la classe des malheureux sur 3200 habitants….
Second détonateur de la violence : l’alcool Le préfet du Finistère fait sanctionner par un « arrêté contre l’ivrognerie » de novembre 1859… Puis la justice s’en mêle en réprimant par une loi de 1872 la partie immergée de l’iceberg, c’est-à-dire l’ivresse publique et manifeste, et non l’alcoolisation secrète et cachée, appelée « ivrognerie occulte »… Les contraventions simples sont jugées par le tribunal de police, les infractions en deuxième récidive sont un délit jugé par le tribunal correctionnel de même que les contraventions connexes à un autre délit…
A suivre
|